Passa Porta n’a pas voulu différer son festival biennal. Du 23 au 28 mars, vous aurez l’occasion de rencontrer Marie Darrieussecq, Maggie O’Farrell, Jean-Philippe Toussaint, Imbolo Mbue ou Yoko Ogawa. Mais par écrans interposés, à moins que…

Chez Passa Porta, la Maison internationale des littératures de Bruxelles, on ne désespère pas. Peut-être y aura-t-il une bonne nouvelle au Conseil de sécurité du 26 février, peut-être va-t-on assouplir le confinement, peut-être des événements pourront-ils se tenir en public. Si c’est le cas, une partie de la programmation du Festival basculera en présentiel. En attendant, ce sera en ligne. Mais avec une offre sophistiquée et le plus souvent interactive. Et une richesse incroyable. Rien que les noms des écrivains et écrivaines qui seront présents via l’internet font saliver les amateurs de livres et de littérature : Marie Darrieussecq, Imbolo Mbue, Hubert Antoine, Marieke Lucas Rijneveld, Chika Unigwe, Maggie O’Farrell, Nastassja Martin, Deborah Levy, Jean-Philippe Toussaint, Caroline De Mulder, Fatima Ouassak, Lisette Lombé, Max Lobé, Lize Spit, Yoko Ogawa, Eduardo Halfon, David Vandermeulen, Stefan Hertmans… On s’arrête là. En tout, il y en a plus de 80.
Nombre de manifestations culturelles ont été purement et simplement différées. Pourquoi avoir voulu conserver ce festival littéraire ? « D’abord, parce que ça ne s’improvise pas, un tel festival : on l’a préparé en septembre quand on a cru qu’on pourrait avoir une vie culturelle en mars », répond Adrienne Nizet, la directrice adjointe de Passa Porta. « On avait donc déjà pris contact avec les auteurs. Quand on a vu que la situation se compliquait autour de Noël, il y a eu un moment d’incertitude. Mais on s’est dit que notre mission était de faire du lien entre auteurs et lecteurs. La littérature est un peu perméable, davantage en tout cas que d’autres disciplines puisqu’on a, nous, la possibilité de maintenir le Festival sous forme numérique et on a senti une grosse demande de culture, d’échanges, de relations de la part des auteurs, des partenaires, du public. Alors on a opté pour une édition en ligne. En se disant qu’on pourrait ouvrir physiquement au public, si jamais… »
Ne soyez pas impressionnés
Deux questions. Un. Avec un entretien en salle, le public est porté par une ambiance, il est attentif. Peut-on maintenir cette attention en ligne, quand l’écrivain est seul devant son écran ? « Pour quasi chaque programme, il y aura un dispositif interactif, participatif, une possibilité de poser des questions soit à l’avance soit en direct », reprend Adrienne Nizet. « On va appliquer des formes plus variées avec du dessin en direct, de façon à rythmer des rencontres. Il y aura aussi des événements en live, mais sans public. »
Deux. Un festival littéraire et multilingue, n’est-ce pas trop impressionnant pour certains publics ? Adrienne Nizet : « Nous allons publier un guide du festivalier, pour montrer que le festival est accessible. On n’a pas besoin d’être un gros consommateur de livres, d’avoir tout lu et d’être plurilingue pour pouvoir se nourrir d’un festival comme le nôtre. On aura des focus thématiques sur Bruxelles, ou sur les femmes, qui devraient attirer des publics intéressés. On a choisi de sous-titrer certaines rencontres aussi, en français, néerlandais ou anglais selon les programmes. J’espère enfin que le digital sera une chance de toucher des gens qui ne sont pas encore venus à Passa Porta. Jusqu’ici, notre public était essentiellement bruxellois. Cette fois, on peut imaginer un public dans toute la Belgique et même à l’étranger. Et c’est de plus une opportunité pour les auteurs présents du festival. »
Tous les deux ans, le Festival Passa Porta est l’occasion de découvrir de nouveaux auteurs. Les années précédentes, on avait pu voir Valeria Luiselli et Karl Ove Knausgård avant qu’ils ne soient célèbres. Cette année est certainement celle de Douglas Stuart, écrivain américano-écossais encore inconnu en français (on attend son premier roman chez Globe l’an prochain) mais qui a remporté le Booker Prize en 2020. Et l’on découvrira également nombre d’écrivains reconnus à l’étranger et qui vivent et écrivent à Bruxelles, comme les Polonaises Aleksandra Lun et Grazyna Plebanek. The author is present, c’est le fil rouge de ce festival. L’auteur sera là, en effet, et il sera mosaïque.