©JC Guillaume
Mardi, les libraires terminaient de déballer les caisses. Leurs tables sont prêtes pour accueillir les nouveautés. Papyrus, Candide et Tulitu, chacun a sa façon de travailler.
À l’instar des journalistes, les libraires ont commencé à recevoir les premiers exemplaires des nouveautés de la rentrée littéraire il y a quelques semaines – en mai. Si, ce mercredi 18 août, la plupart auront renouvelé leurs étals, les enthousiasmes sont, d’un libraire à l’autre, différents. Tous s’accordent pour regretter la surproduction. « On fait comme on peut, relève Natacha Mangez, de la librairie Papyrus à Namur. On va mettre en avant nos préférences, une quinzaine de titres, mais ce n’est que le tout début. Au fur et à mesure, on sera à une cinquantaine de coups de cœur. Demain, sur la table, assortis d’un petit commentaire, il y aura, notamment, Sidérations de Richard Powers et Ce qui nous revient de Corinne Royer. »
Orpailleur qui cherche une pépite
Si M. Hoegelsteen, propriétaire de la librairie Candide à Bruxelles depuis douze ans, parle d’un renouvellement complet de son offre, il relativise quand même : « On n’a pas de table réservée aux nouveautés. On range par maison d’édition. Prenons l’exemple de Gallimard. On a libéré de la place pour leurs nouveautés, mais on garde quand même quelques anciens titres auxquels on tient. » Il ne veut pas « lâcher La Proie pour l’ombre » et « a laissé Marie NDiaye (La vengeance m’appartient) et Marc Pautrel (Le Peuple de Manet) ». Aucun titre ne lui a encore tapé dans l’œil. Il se considère comme « un orpailleur » qui cherch e « la pépite dans un gisement un peu pauvre « .
Tout le contraire d’Ariane Herman, libraire à la tête de Tulitu à Bruxelles depuis 2015. « Cette rentrée est particulièrement magnifique. Tous les ans, je regrette qu’il y ait trop de titres. On est noyés de livres. » Car, à côté de ceux dont tout le monde va parler, elle veut aller chercher des ouvrages auprès de maisons d’édition moins connues. Elle ne tarit pas d’éloges pour La Peuplade, sise au Québec. « Cette année, leurs trois titres de rentrée sont des chefs-d’œuvre : Tableau final de l’amour de Larry Tremblay, Les Ombres filantes de Christian Guay-Poliquin et La Pêche au petit brochet du Finlandais Juhani Karila. »
Lire selon son envie
Elle ne sait pas pourquoi, mais, exceptionnellement, cette année, elle a entamé les nouveautés dès le mois de juin. « Normalement, je ne commence qu’en juillet-août, comme ça je peux encore rattraper pendant l’été des livres qui m’auraient échappé. » Mais voilà, elle a eu envie de plonger dans le bain des nouveautés plus tôt, raison pour laquelle elle a déjà lu une vingtaine de livres. Elle ajoute aussi Ultramarins de Mariette Navarro (Quidam) et Atmosphère de Jenny Offill (publié par la toute nouvelle maison d’édition Dalva). Elle n’est pas sectaire pour autant et, si les gens du quartier (rue de Laeken) lui demandent un Musso, elle le commandera. « Tout le monde lit ce qu’il a envie de lire », estime-t-elle, même si les libraires et les journalistes sont là aussi pour jouer un rôle de prescripteur.
On en parle
Sorj Chalandon (Enfant de salaud, Grasset), Tanguy Viel (La fille qu’on appelle, Minuit), Lydie Salvayre (Rêver debout, Seuil), Philippe Djian (Double Nelson, Flammarion), Santiago H. Amirogena (Premier Exil), Catherine Cusset (La Définition du bonheur, Gallimard), Christine Angot (Le Voyage dans l’Est, Flammarion), Cécile Coulon (Seule en sa demeure, L’Iconoclaste), Philippe Jaenada (Au printemps des monstres, Mialet-Barrault), Justine Lévy (Son fils, Stock), Maryse Condé (L’Évangile du nouveau monde, Buchet Chastel), Marie Darrieussecq (Pas dormir, POL), François Bégaudeau (Notre joie, Pauvert), Christophe Boltanski (L es Vies de Jacob, Stock), Ananda Devi (Le Eire des déesses, Grasset), Jean-Baptiste Del Amo (Le Fils de l’homme, Gallimard)…
Source : https://www.lalibre.be/culture/livres-bd/2021/08/18/faites-vos-choix-VQYOUDD7LNHMTPSLTKXQYM5OZ4/